Tournesols

Tournesols
Tournesols. (Odile Alliet) www.odile-alliet.com

Florence carnet de voyage



____

Jeudi 30 avril 2015

Arrivée très attendue rue du Faubourg Saint Antoine.
Camille attend Babou (* babou, c'est moi = grand mère) et son  cadeau d'anniversaire. Avec impatience. On sait ce que c'est, mais ça n'empêche rien. On l'attend depuis des semaines cette poupée; et Camille a 7 ans depuis longtemps, 13 jours déjà.
7 ans plus treize jours moins deux dents. Les dents, ça prouve bien qu'on est grande. Et même, Camille sait lire maintenant. Et vite, bien, en mettant le ton.


Donc, ce matin là, c'est le branle-bas de combat.
Camille attend Camille la poupée. Et tout le monde attend le taxi qui va nous emmener à Roissy. Camille va prendre l'avion pour la première fois de sa vie.
Tout le monde part à Florence.
Et tout le monde, c'est beaucoup de monde, papa, maman, babou , Camille et ses enfants: Camille la poupée, Capucine la poupée, Doudou Mouche-Mouche.

Voilà Babou et son cadeau, tout va bien. On déballe vite. Trop vite, on n'a même pas le temps de jouer.


Camille prend Camille dans ses bras, Capucine et Doudou sont déjà dans le sac à dos.
Nous sommes prêts, le taxi arrive. En route. Il est 10 heures.

Paris est gris, froid, pluvieux. On a une pensée pour Dadou qui reste tout seul à la campagne. On te téléphonera et on te fera des dessins, Dadou, c'est promis.

Arrivée à Roissy. D'abord enregistrer les bagages. Impossible de parler à un humain, et les machines ne sont pas très coopératives. Elles se bloquent, ne comprennent rien, ne voient pas la valise. Help! On voudrait quelqu'un avec un cerveau qui puisse nous aider. Ah, en voilà un, sauvés!

Passage au portique avec les sacs à dos.
Hé, hé! dit le monsieur en examinant le sac de Camille au scanner.
Je vois deux passagers clandestins là-dedans!
En effet, on voit bien Capucine et miniCamille serrées l'une contre l'autre.




Ouf! On nous laisse passer quand même.
Bon, tout va bien, on voit les avions par les vitres de la salle d'attente, on a un peu faim, ou on pense qu'on va avoir faim bientôt alors on fait la queue pour s'acheter un sandwich. Saucisson pour Camille, s'il vous plaît!
"Mais si papa, je vais savoir le manger sans en faire tomber. C'est incroyable, on ne me fait pas confiance."
On a déjà fait trois fois la queue, c'est bien, ça nous habitue. On aura l'occasion d'en faire encore, des vraies, des longues, pas des petites queues de lapin comme ici, mais des queues de chats, que dis-je des queues de serpents, des vraies queues de Florence, la spécialité de la ville.

Et hop, c'est parti, on embarque.
Zut, on nous a séparés dans l'avion, papa et maman loin derrière, Babou et Camille devant.
On démarre, on roule, on décolle. Ca y est, on vole! Oui, d'accord, on voit les champs et les maisons en dessous, puis les nuages de l'intérieur. Finalement les nuages ç
a n'est jamais que du brouillard. Et les nuages par dessus. Ca éblouit, tirons le rideau et passons aux choses sérieuses. Sortons enfin les poupées, Doudou et tous les vêtements.

"Mais non, Babou, je ne vais pas en mettre partout." C'est fou ce que ça s'angoisse facilement, les grand-mères.
Ce qui est embêtant avec les avions c'est que ça fait mal aux oreilles quand ça monte ou que ça redescend et que ça va tellement vite qu'on n'a même pas le temps de jouer. C’est toujours la même chose !

"Attention à l'atterrissage, attachez vos ceintures, la piste est courte, posez vos mains sur le dossier du siège devant vous."
Ah, oui! En effet! Le freinage est brutal! Enfin une émotion forte.

Récupération des valises. Camille pilote la valise de Babou. Elle en veut une comme ça elle aussi.


Taxi s'il vous plaît!
Nous voici à l'hôtel. Ah que c'est beau. Un avant goût des beautés de Florence.
Des chambres magnifiques, carrelage ancien, vieilles poutres, miroirs . Les parents ont une suite gigantesque, à deux chambres ; on aurait pu y dormir à quatre. Nous sommes à l'autre bout du couloir, près du petit patio, délicieux, avec des tables, des chaises, du jasmin qui grimpe sur les murs, des oiseaux qui chantent et un chat qui se promène sur le toit.



Mais vite. Il est déjà tard. Le charmant monsieur de l'accueil nous donne l'adresse d'un bon glacier. On ira, c'est sûr.
Non, un glacier, ce n'est pas dans la montagne, ici, on parle d'un marchand de glaces, Camille. Intéressant, non?

C'est parti! Le palais Médicis d'abord.

La chapelle Gozzoli. Camille, impressionnée, a sorti son carnet. Elle dessine Laurent de Medicis en beau jeune homme vêtu de blanc sur son cheval, puis les belles dames.




  Finalement, le blanc, c'est trop salissant. Camille l'a rhabillé en vert.

Les glaces maintenant. On les a bien méritées.
Mmmm...Que choisir? Camille prend vanille avec des copeaux de chocolat mais elle goûtera les glaces des trois autres. Il faut être curieux dans la vie.

Et après?
C'est aujourd'hui la "nuit blanche" de Florence, une sorte de fête de la musique et du théâtre; il y a de la musique dans les rues, des spectacles partout, et des touristes, des touriste, des touristes à ne savoir qu'en faire. Il y a même des Italiens, des vrais, qui habitent ici, des jeunes, qui courent, chantent, crient, jettent des pétards. Incroyable. Ils arrivent à survivre ici au milieu de tout ce monde?
Nous aussi, nous sommes des touristes?
Mauvaise réponse. Je suis pour la suppression des touristes sauf nous, qui sommes des , euh..., "amateurs d'art".
Comme dit mon amie Denise, le tourisme devrait être interdit sauf aux professeurs de langue.

On tourne autour du Dôme, on voit un énorme paquet emballé dans du plastique sur la place. Zut, c'est le Baptistère, couvert d'une bâche . Pourvu qu'il ne soit pas fermé à cause des travaux, comme le musée Dell'Opera del Duomo.
Un peu plus loin, on débouche sur la Piazza della Signoria avec le Palazzo Vecchio, élégant, sa tour crénelée, son grand Neptune les pieds dans sa cuvette, qui a l'air un peu perdu, un peu ahuri, avec les gamins en pierre qui jouent entre ses jambes et les chevaux galopant sous ses pieds. Il a l’air de chercher la maman des enfants pour qu’elle les emmène jouer plus loin.

Et David, ... sans pantalon.

(japonaises? voir plus loin)

S'ensuit une grande discussion pour savoir s'il est vraiment bien convenable que ce jeune homme se promène les fesses à l'air. Camille n'est pas sectaire, elle est vite convaincue de l'intérêt de représenter les hommes et les femmes avec leurs muscles et leurs chairs sans voile et elle conteste vite les feuilles de vignes rajoutées et plaint beaucoup ceux qui dans l'aventure ont perdu leur zizi.
On marche le long des Offices (on reviendra samedi), dans les petites rues guidés par notre poisson-pilote, Olivier, l'homme qui a une boussole dans le corps. On s'arrête dans un petit restaurant. Pâtes, pizza, rizotto, ça va de soi. Puis promenade digestive sur les bords de l'Arno. Comme le Ponte Vecchio est joli, tout illuminé avec ses petites maisons jaunes et ocres qui s'agrippent à lui et tentent toutes en vain de lui monter sur le dos.



(Je pense qu'il y a une noce, une mariée qui nage. Un pêcheur fume tranquillement sa pipe dans sa barque.)

On a du mal à marcher dans les rues, le pont est noir de monde. On rebrousse chemin et on rentre à l'hôtel.
La journée a été longue mais Camille tient à mettre ses poupées en pyjama et à leur installer un lit confortable.
Doudou fait le zouave.



Ensuite, on se lit une petite histoire mais bien vite les paupières se font lourdes, lourdes. Babou et Camille s'endorment. Il est plus de 11h3O.

___________
Vendredi 1er mai.


Tous les musées nationaux sont fermés. Zut, alors.
On va se balader vers San Marco. Fermé. Demain, peut-être.
Retour vers la cathédrale Santa Maria del Fiore. Marie des fleurs, quel joli nom. Quelle chance, c'est ouvert.

On fait la queue, on achète les billets, et hop, vers le sac plastique du centre de la place. Baptistère in disguise. 


 (Oui, j'exagère un peu, d'accord.N'empêche qu'il est entièrement couvert d'une bâche en plastique.)
On entre et là, c'est l'éblouissement.  Une coupole de mosaïque sur fond d'or, une bande dessinée magnifique.
Tout le monde se balade avec la tête levée vers le plafond.



(-Et pourquoi il a des taches noires, celui-là?
-Des taches? Où ça?
-Sur les pieds et les mains.
-Ah oui! c'est Jésus. Tu sais bien. On l'a cloué sur la croix.
-Ah, c'est lui. Ça a dû lui faire drôlement d'avoir des clous dans les mains! Moi, je ne veux plus voir ça. Ça me rend triste cette histoire de Jésus.
Eh bien , elle va être servie la pauvre Camille. C'est quand même le sujet favori par ici.)


Trop de monde, on ne peut pas vraiment dessiner. Dommage.
On regarde, on admire.
On sort.
On tourne autour du Baptistère et on se trouve devant la porte du Paradis.



Regarde ces portes, on dirait qu'il y a des gens qui passent la tête par les lucarnes, pour voir dehors.

Et maintenant, la cloche! Celle qui est en haut du Campanile.
Merci Isabelle, d'avoir dit à Camille qu'il ne fallait pas rater ça. Isabelle, c'est la copine de maman. 416 marches, ça fait haut..
C'est maman qui s'y colle.
Babou décline poliment l'invitation : elle y est déjà allée, elle a mal au genou, elle ne voudrait pas gêner les autres touristes par sa lenteur. Il n'y a pas de limites à la mauvaise foi!
Papa propose de lui tenir compagnie et Babou propose que tout le monde se retrouve ensuite à la terrasse du café en bas du campanile. 
Ça va, ils ne vont pas trop fatiguer ces deux-là.
Camille et maman, stoïques, se placent au bout de ... la queue (encore une).
Papa et Babou vont tout de même visiter la cathédrale pendant ce temps-là.
Mais pour ça, il faut faire la queue. Ah oui? Quelle surprise. De son côté, dans la queue du Campanile, Camille dessine
Dans la queue, deux petites japonaises habillées en personnages de mangas, toute pimpantes et froufroutantes.

Puis, à la sortie, on va vérifier où en est la queue de la cloche. Camille et maman ont bien avancé, elles vont bientôt atteindre la porte et attaquer l'escalier.
Les deux petites japonaises ont rejoint cette queue-là, elles aussi. 



Bravo les filles, tenez bon. Pour nous, c'est l'heure d'une petite bière et d'un jus d'orange.
Quelques temps après, voici les héroïnes de la grimpette. Camille est en pleine forme. Camille la poupée a un peu le cheveu en bataille: c'est l'effort et le vent en haut du campanile sans doute. Nathalie a pris des photos du superbe panorama sur la ville. C'est gentil. Malheureusement, elle découvrira après qu'elle a aussi pris froid et que son rhume qu'elle croyait terrassé va ressusciter. Il y a des miracles dont on aurait pu se passer.
Et maintenant, MANGER!
On va déjeuner dans un restaurant au bord de l'Arno. Camille prend des spaghetti. C'est sournois, les spaghetti. Ca ne se laisse pas manger facilement. Ca se rebiffe, ça saute, ça fuit la fourchette. Pfff... C'est énervant. Et le service est long, long. Camille dessine.
Enfin, on en sort et on décide d'aller voir Santa Maria Novella.
Oh, la queue!
Et qui donc dans la queue? Nos deux japonaises.




Que fait Camille?
Oui, c'est ça, bien vu. Elle dessine.



Les fresques de Filippino Lippi nous ravissent. Camille dessine.
Le christ de Brunelleschi est vraiment étrange. Tout blanc avec des pustules étranges sur le corps.
-Tu crois qu'il a attrapé des boutons?
-Je ne sais pas, peut-être que les pointes des lances n'étaient pas propres. (Babou, arrête de dire des sottises à cette petite.)
On va faire un tour dans le cloître. On se pose un peu. Camille dessine. Et Babou aussi. Camille lui a fait une remarque, presque un reproche : le carnet de Camille est bien plein, Babou n'a pas fait grand chose, c'est le moment de se rattraper.
(Je suis ravie, je sens que bientôt j'aurai une charmante compagne qui viendra faire du croquis avec moi.)
Une petite pause pour dessiner dans le cloître.






Maman rêve, se repose un peu et ...combat son rhume

Papa regarde Camille d'un air attendri.
Puis tout le monde va chercher des savons pour Dadou, dans la merveilleuse boutique d'apothicaire derrière le cloître. C'est une commande, on ne peut pas lui refuser ce plaisir. Et la boutique est fabuleuse, des salles de parfums, d'onguents, de tisanes, de lotions, de savons où se mêlent des fragrances de gardénia, de jasmin, de lavande.

Et maintenant, il faut aller dîner.
Personne n'a vraiment très faim après le repas de midi mais on a repéré la veille un beau restaurant qui nous tente.
En effet, c'est très beau, très chic, et très bizarre.
La salle est loin d'être pleine, mais il y a un maître d'hôtel et une brigade de serveurs empressés. Le garçon sert l'eau minérale d'un geste plein de panache : je vais essayer à la maison, avec une bouteille en plastique pour ne pas risquer un accident. Il faut jeter sa serviette sur son avant bras (avec grâce) , saisir fermement le cul de la bouteille et d'une seule main l'incliner sur le verre pour verser exactement la dose d'un tiers de verre. Il a du s'entraîner beaucoup pour faire ça.
Par ailleurs, le service est long, très long. Camille dessine. Elle est fatiguée et très patiente. Elle dessine beaucoup.
Le repas est très bon mais avec des ratés. Très beau mais sans légumes. On nous propose le  café et l'addition alors qu'on attend toujours nos desserts. Les profiteroles arrivent. Elles sont "revisitées" (c'est ce que dit le maître d'hôtel).  En  effet, ça ressemble plus à un macaron unique qu'à des profiteroles, et si quelqu'un a rencontré la sauce au chocolat quelque part, qu'il le dise.
Rentrons vite nous coucher. Il est presque minuit. Quelle vie de patachon.


Samedi 2 mai
Dernier jour, déjà.
Au programme , les Offices. Cette fois-ci, nous avons nos billets, ça va être rapide...
Eh bien, pas du tout. Il y a la queue des gens qui ont déjà des billets. Et elle est longue. Je me demande comment est la queue de ceux qui n'ont pas de billet.
Papa et maman s'y collent. Camille et Babou se mettent sur un banc de pierre. Camille....dessine. Des moineaux viennent nous rendre visite. Alors on sort un bout de fusain et on dessine des moineaux. Une vraie découverte , le fusain.

On a décidé de sélectionner les salles. Camille est de bonne volonté mais il ne faut pas abuser. Et Nathalie est saisie par le rhume du campanile.
Donc nous nous attardons sur notre ami Botticelli, Lippi père et fils, un petit Giotto par ci, un Raphaël par là. Camille commente et dessine. Il y a beaucoup de monde et il fait très chaud.
Un tableau de Fra Angelico. Babou raconte que c'était un moine qui vivait dans un monastère et qu'il a peint sur les murs des chambres de tous ses copains du monastère, des tableaux magnifiques.
"Et il ne s'est pas fait gronder?" demande Camille, inquiète pour lui, et clairement avec une pointe d'envie dans la voix.
Déjeuner rapide à la cafeteria . On se promet de prendre une glace plus tard, dehors, et on repart. Traversée des salles avec des tableaux montrant des scènes plus ou moins délicieuses, Judith tranchant la tête d'Holopherne, Samson encore avec ses cheveux et cette peste de Dalila, David (qu'on rencontré déjà sur la place) avec sa fronde contre le grand Goliath et bien d'autres encore. Et aussi, côté grec, les embrouilles de Pâris, la méduse de Caravage, Ulysse et le Cyclope...
"Raconte encore les histoires des tableaux."
On ne s'en lasse pas.
Mais on finit par sortir du musée et la fatigue saisit les vaillants "amateurs d'art".
Après une traversée héroïque du Ponte Vecchio, où il faut fendre la foule et ne pas se perdre, on se dirige vers les jardins Boboli. Voilà une bonne façon de finir la journée. Il fait beau. On achète des croquets aux amandes (on fait la queue), on prend les billets pour entrer dans les jardins, (on fait la queue), et Camille, sa vigueur retrouvée, part à l'assaut des chemins qui grimpent jusqu'en haut, sur la perspective qui domine le palais.
Là, on s'arrête et on dessine un peu.



Hélas, pas de marchand de glaces dans le jardin.
Camile, pas rancunière, gambade, grimpe comme une petite chèvre. Les parents suivent bien le rythme, Babou souffle derrière. Puis on redescend vers le fleuve par des petites rues ravissantes.

On traverse un autre pont que le Ponte Vecchio pour éviter la cohue  et on s'enfonce dans les ruelles.
Un glacier! On l'a bien mérité. Et en face une petite épicerie sympathique où le patron nous confectionne de succulents et copieux sandwiches débordant de jambon, de salade, de tomates.
On mangera tout ça à l'hôtel.

Ce soir, on se couche tôt.


Dimanche 3 mai

8 heures du matin.
Le taxi est là.
Tout le monde est prêt.
L'aéroport, le retour.
Paris déjà!
Et il pleut.
La dame taxi qui doit nous prendre arrive, un peu en retard. Charmante. Bavarde. Très très très bavarde .(In petto : "Mais regarde la route quand tu parles, bon sang")

Et voilà. Florence , c'est fini.
C'était bien, c'était même super bien. On y retournera.

Aucun commentaire: